i'm so sorry .. Nate & Leah.

Mais quels contrastes ! J'étais totalement ébahie devant l'étendue de couleurs qui s'offraient à mes yeux. J'avais vue sur une grande étendue d'herbe vert émeraude. Par endroits, des touffes de fleurs roses ou rouges et au loin, la mer. D'un bleu limpide et profond, qui ne demandait qu'à ce qu'on l'approche pour mieux le contempler. Le ciel sans nuages se confondait avec l'eau à l'horizon, l'illusion était parfaite. Malgré tout, un sentiment d'irréalité m'habitait. Quelque chose me disait que tout cela était trop beau pour être vrai. J'attendis patiemment la petite voix qui m'avertissait que je rêvais, mais elle ne vint pas. Bon, je n'allais pas attendre indéfiniment. Sans même penser à m'inquiéter, je marchai lentement en direction de la mer, laissant la douce brise caresser mon visage et faire voleter mes cheveux. C'était agréable, et pas un instant je ne me posai de questions lorsque je traversai la plage pour marcher dans l'eau. Celle-ci avait une température agréable, pas trop chaude ni trop froide. Je rester ainsi un moment, à contempler l'horizon, jusqu'à ce qu'une grosse vague m'engloutisse. Je ne l'avais pas vu venir, celle-là. Le courant m'emporta loin du rivage puis je me sentis entraînée vers le fond. La perfection de cette vision me sembla soudain bien superficielle ! Je me débattis de mon mieux puis, m'apercevant que mes efforts étaient vains, essayai de crier. Quelque chose m'obstruai la gorge .. c'est à cet instant que la panique s'empara de moi et que je m'apercus que j'étais seule au monde dans cet endroit inconnu, sans même un ballon appelé Wilson pour me tenir compagnie. Au moment où j'abandonnai mon corps aux vagues afin qu'il ballote librement au gré du courant, je sombrai dans le néant.

Cette fois, je ne sentais à peu près plus rien. Peu importe la facon dont vous exprimez cela ... Ces sensations étaient si différentes et si semblables à la fois. Je sentais un souffle doux en moi, mais aussi la brusquerie qu'il inspirait. Malgré la faible activité de mon cerveau, je me mis à chercher ce qui pouvait bien m'arriver. Peut-être que ... je flottais dans un trou noir, je dérivais sur un nuage obscure, j'étais portée par une mer sombre. Je m'apercus alors que la couleur noire dominait autour de moi. Ce n'était pas qu'une impression, l'obscurité ambiante était telle qu'il était impossible de m'y situer. Tel un spectateur dans une petite salle de projection cinématographique, j'attendis tranquillement que l'action ne commence.
Finalement, les rideaux s'écartèrent et le long métrage commenca.
Tout d'abord, un plan rapporché d'une fillette courant sur le chemin aspirant à plus de liberté, s'éloignant de plus en plus de chez elle. Plus tard, la même fillette mais en plus vieille, peignant patiemment le coucher de soleil derrière chez elle. Puis une jeune femme en robe de bal, riant avec ses copirnes. Le long film de ma courte vie défila devant mes yeux, et ce n'est que vers la fin que je m'apercus que j'en étais le personnage principal. Au moment où j'avais cette prise de consciance, tout devint noir. J'étais maintenant dans un tunnel. Et je voyais la lumière au bout du tunnel.

Le choc de cette constatation me fit sursauter. Le faible mouvement m'arracha un gémissement, et je repris contrôle de mon corps. Et de la douleur qui venait avec. En fait, c'était bien au-delà de la douleur. De la pure souffrance. À bien y penser, je préférais retourner dans le monde obscure qui m'accueillait quelques minutes auparavant au lieu d'affronter cette dure réalité, mais aucune porte de sortie ne se dessinait à l'horizon. Je n'eus d'autre choix que d'attendre aussi longtemps qu'il le faudrait. Au bout d'un moment, le mal devint supportable et je pus me concentrer sur les bruits ambiants. Je ne voyais rien, un voile noir recouvrait toujours ma vision. À moins que ... des lumières m'aveuglèrent quand j'ouvris les yeux, heureuse de constater que je n'étais finalement pas aveugle. Puis j'apercus le visage anxieux de mon ami penché sur moi.

« Nate, t'as pas dormi depuis combien de temps ?! »

Sans attendre de réponse, je regardai autour de moi et remarquai la couleur des murs. Vert. De ce petit vert immonde et maussade, qui nous regardait d'un air mauvais tout en nous donnant un teint malade. Malade, je devais l'être, pour me trouver ici ... C'est alors que deux fils d'un même circuit se connectèrent dans ma tête, et que le courant se remit à circuler librement dans mon cerveau. Je remarquai alors ma jambe suspendue devant moi ...

« Non ! »

J'étais désespérée. Qu'est-ce que j'avais fait pour atterir dans cet endroit qui me terrorrisait plus que n'importe quel autre dans ce monde ? Ma mère y était morte en metttant au monde mon plus jeune frère. Ce petit frère en question y était mort quelques années plus tard, souffrant d'un quelconque maladie. Mon oncle y avait succombé lui aussi. Et j'étais peut-être la suivante sur la liste. Je devais sortir d'ici. De mon bras libre – l'autre ne répondait étrangement pas aux commandements de mon cerveau – j'essayai de décrocher ma jambe, sans tenir compte des élancements qui me faisaient frimacer. Me rendant compte que je n'arriverais pas à m'en sortir seule, je me tournai vers Nate, sans même penser à me questionner sur les raisons de sa présence.

« Aide moi ... »